À l'instar de la Coupe du monde de football au Qatar, dont les matchs se dérouleront dans des stades climatisés pour la première fois de l'histoire de la compétition, les Jeux olympiques d'hiver de Pékin ont une originalité dont la planète malmenée se serait sans doute bien passée: ils sont les premiers à être organisés avec 100% de neige artificielle.
Comme le note Bloomberg, c'est une tendance lourde de l'olympisme hivernal moderne. Environ 80% de la neige des jeux de Sotchi, en Russie en 2014, avait été créée artificiellement par des canons ad hoc. Quatre ans plus tard à Pyeongchang, en Corée du Sud, le chiffre était monté à 90%.
Ceux de Pékin, les XXIVè, se dérouleront en partie dans la région de Zhangjiakou, dans le nord-est du pays. Montagnarde, la zone n'en est pas moins aride: selon l'ONG China Water Risk, l'endroit connaît «un important stress hydrique», ce que confirme Carmen de Jong, géographe à l'Université de Strasbourg.
«Il y aura sans doute des impacts dans une région où il n'y a presque pas d'eau en hiver, explique la professeure des universités au média américain. Pendant la moitié de l'année, durant la saison des sports d'hiver, l'eau reste à distance de l'écosystème naturel.» Les précipitations hivernales moyennes, ces quatre dernières décennies, n'ont été que de 7,9 millimètres, indique le site qui établit une comparaison avec Davos, dans les Alpes suisses, où elles sont neuf fois supérieures.
Let it snow
Bref, pour permettre le ski et faire vivre un complexe touristique créé ex nihilo qui, au-delà de la tenue des Jeux olympiques, doit contribuer à extirper cette région agricole de la pauvreté, les canons doivent pomper, pomper et pomper encore afin de recouvrir les pistes et leur décor alentour d'un épais manteau de neige artificielle.
Pire encore, le temps particulièrement sec de la zone rend les canons moins efficients dans leur tâche, qui consiste à projeter un spray aquatique additionné de produits chimiques dans l'air froid afin de la cristalliser en une neige praticable. Les ingénieurs doivent même congeler les sols avant de procéder à leur déneigement, afin de limiter la déperdition.
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Carmen de Jong estime que la Chine devra consommer 2 millions de mètres cubes d'eau, soit l'équivalent de 800 piscines olympiques, pour créer la neige artificielle nécessaire à ces seuls jeux, et dont la fonte pourrait aussi perturber les écosystèmes en aval de ces néo-stations sino-alpines.
Des réserves ont été bâties en amont par les autorités pour amortir ce choc hydrique, mais elles devraient être largement insuffisantes. C'est ce que pointait déjà une évaluation du CIO de la candidature officielle de la ville en 2015, à laquelle ont pourtant été confiés ces jeux dont les apports pour les populations locales ne compenseront peut-être pas sur le long terme une écologie pour le moins absurde.
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