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Les fabricants prétendent que si les prix n’augmentent pas, ils ne pourront plus produire



Impossible de ne pas s’en rendre compte : les prix de l’alimentation (comme de bien d’autres produits) flambent. Au passage à la caisse,les distributeurs l’observent aussi : le montant dépensé est le même, mais le nombre de lignes sur le ticket de caisse se réduit. Clairement, les consommateurs font des choix et rayent certains articles de leur liste de course. Mais, à l’avenir, ils pourraient bien être privés de bon nombre de produits, tout simplement devenus impayables à produire.


Déjà lourdement impactés par la pandémie de coronavirus, les producteurs semblaient voir le bout du tunnel en ce début d’année. Les mesures mises en place par le gouvernement portaient leurs fruits, jusqu’à ce que la guerre éclate et lamine leurs espoirs. Pour 30 % des entreprises, produire n’est aujourd’hui plus rentable. La rentabilité des entreprises alimentaires européennes est tombée à un niveau historiquement bas, à peine 2,8 %.


"Pendant la pandémie, de nombreuses entreprises alimentaires étaient déjà au pied du mur en raison des pénuries de matières premières et de la forte augmentation des coûts des matières premières, de l’énergie, des emballages et du transport. En début d’année, il semblait que nous allions enfin pouvoir éteindre ces flammes, mais la guerre en Ukraine a, malheureusement, à nouveau attisé le feu. Si nous ne pouvons pas répercuter ces coûts, il ne sera plus rentable de poursuivre la production", avertit Anthony Botelberge, président de Fevla.


La hausse des prix dans les magasins semble donc inévitable, sous peine de voir de nombreux produits disparaître des rayons : 9 % des entreprises alimentaires européennes ont réduit leur production au cours des dernières semaines et 30 % prévoient de le faire prochainement.


"Malheureusement, nous constatons toujours que les grandes chaînes de supermarchés ne sont guère ouvertes à la discussion sur les augmentations de prix, qui sont pourtant inévitables", poursuit Bart Buysse. "Heureusement, après des mois de concertation, un premier signal commun de la concertation de la chaîne belge est finalement arrivé lundi dernier. C’est une chose positive de constater que les organisations de la concertation de la chaîne, y compris la fédération du commerce Comeos, appellent les acteurs de la chaîne à partager de manière équitable l’impact des augmentations de coûts, mais nous devons encore voir comment ils vont appliquer cela en pratique.


Cela démontre également le besoin urgent de leviers dans la réglementation garantissant que les contrats et les prix puissent être ajustés plus rapidement en temps de crise, en cas d’augmentation imprévue et considérable des coûts."


Par ailleurs, la guerre en Ukraine menace de provoquer des pénuries de différentes matières premières. Les fabricants de produits à base de pommes de terre et de légumes, de plats préparés, de margarines et de minarines, de sauces, de pâte à tartiner au chocolat, de céréales petit-déjeuner et de produits de pâtisserie, ainsi que de nutrition médicale et d’aliments pour bébés, se précipitent désormais pour trouver des solutions alternatives à l’huile de tournesol dont 35 à 45 % proviennent d’Ukraine. Des alternatives bien évidemment plus coûteuses.


En outre, les fabricants de pain et de produits de boulangerie, de pâtes et de biscuits, qui utilisent la farine blanche et la farine bise comme ingrédients, ressentent aussi les effets de la réduction des exportations de blé en provenance de Russie et d’Ukraine.


Mais les producteurs sont menacés de pénuries d’autres ingrédients, tels que l’huile de lin, le miel et les ovoproduits. Même les emballages tels que les bouteilles et les bocaux en verre risquent eux aussi de se raréfier.

La Fevia demande donc aux autorités de déroger temporairement à l’application stricte de la législation sur l’étiquetage. Cela permettra aux entreprises alimentaires d’utiliser rapidement des matières premières et des ingrédients de substitution pour compenser les pénuries, tout en respectant bien sûr la sécurité alimentaire.


Un "cocktail détonnant" qui freine la production des entreprises

Le conflit en Ukraine et les sanctions économiques contre la Russie touchent les entreprises belges de manière surtout indirecte, ressort-il d’une enquête réalisée par la Banque nationale de Belgique (BNB) et présentée jeudi. Ils forment avec d’autres problèmes un "cocktail de vents de face" qui ont tout de même fait baisser la production de 9 % depuis le début de l’année. Les entreprises belges vendent peu et se fournissent faiblement en Ukraine ou en Russie. Quelque 0,7 % des ventes et 1,6 % des approvisionnements étaient en lien direct avec ces deux pays avant le début du conflit, d’après l’enquête de la BNB. Certains secteurs sont plus touchés que d’autres. C’est le cas de l’agriculture, de l’industrie des transports ou de la vente alimentaire. Les grandes entreprises, qui comptent plus de 50 employés, sont également plus exposées, puisqu’un tiers d’entre elles entretient des liens directs avec l’Ukraine et/ou la Russie.


Toutefois, la grande majorité des entreprises concernées par le conflit et les sanctions le sont en raison de répercussions indirectes. Il s’agit des problèmes d’approvisionnements et du coût des "inputs", c’est-à-dire l’énergie, les produits intermédiaires, les matières premières, le transport, l’emballage, etc. "Les problèmes d’approvisionnements étaient apparus pendant la crise du Covid-19, lorsque certains biens étaient difficiles à obtenir, a expliqué Geoffrey Minne, économiste à la Banque nationale. Ces problèmes tendaient à s’estomper depuis octobre 2021, mais on voit depuis début mars que cette amélioration s’est interrompue."


Dans le secteur manufacturier, 46 % des entreprises belges rapportaient des problèmes d’approvisionnement en février dernier, soit avant la guerre.

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